Dans « Transfiguration », Pierre Sainte-Luce offre un récit salvateur, tant pour ses personnages, que pour le lecteur. Il offre des clés de compréhension, peut-être même de guérison de maux de sociétés individuels et collectifs, et le fait à travers une épopée humaine captivante.
Transfiguration : « Changement d’une figure, d’une forme, d’un aspect en un autre » cf. Larousse.
Changements, prises de conscience, évolutions voulues ou subies de Theo, père et grand-père, sombrant dans une dépression fatale. Changements, prises de conscience, évolutions voulues ou subies de Paul, fils et père, grandissant dans un amour sans faille pour son père mais insuffisamment suivi de faits jusqu’à l’irréversible ; Changements, prises de conscience, évolutions voulues ou subies de Jérôme, petit-fils et fils, mené par la soif d’apprendre dont il a hérité ; une soif académique, une soif sociale, humaine aussi. Sa vie foisonne de personnages à plus ou moins fortes influences, tous ciselés par la plume de Pierre Sainte-Luce.
Transfigurations des personnages et transfiguration de la Guadeloupe aussi, de celle d’avant, d’antan, presqu’endémique à celle de maintenant, beaucoup plus exogène. Dans son nouveau roman, Pierre Sainte-Luce nous offre un voyage multidimensionnel dans le temps et l’espace mais aussi dans les psychés, les sociétés, les généalogies et l’Histoire. Celle avec un grand H, collective et socle commun de la vie de ses acteurs ; celles aussi, au pluriel de chacun de ses acteurs. Des trajectoires individuelles inscrites dans des élans collectifs, entre inné et acquis, déterminisme et libre arbitre.
Les histoires de Théo « qui naviguait aux frontières de la folie » tout en cherchant dans sa généalogie des clés pour la raisonner, de Paul médecin aux rêves de pilote accomplis devenant un jour « hémorragique de remords » et de Jérôme, fils spirituel de Frantz Fanon, qui « préfère le chant lyrique qui conduit à l’émotion, aux frissons et aux pleurs »… comme celles de ceux qui les entourent, entrent en écho avec celle de tout un chacun, lecteur : comment sommes-nous façonnés par « ce et ceux » qui nous précèdent et « ce et ceux » qui nous suivent ? Comment les aléas, les imprévus, pourtant si normalement constitutifs de la vie nous transforment-ils et changent-ils nos caps, parfois si brutalement ? Comment réconcilier nos identités composites ? Qui est le père et qui est le fils ? …
Le récit que nous livre Pierre Sainte-Luce nous embarque, par des allers-retours grisants entre passé, présent et futur, dans des postures d’ethnologue, d’anthropologue, d’historien, de penseur et d’observateur, mais génère aussi des émotions plus projectives, de compassion, d’empathie, parfois d’adhésion voire d’identification. Et cela va au-delà d’une appartenance culturelle que seuls les lecteurs antillais auraient le privilège de ressentir, tant les faits, sentiments et valeurs qui sont mis en exergue sont transposables et surtout universels. C’est le cas par exemple de la question du deuil, de la filiation, du besoin d’appréhender et de comprendre, de la quête de connaissances ou du sentiment du travail accompli en toile de fond de ce récit : « Sans cesse occupé à faire, à connaître, à apprendre, tes mains et ton cerveau était en compétition comme pour élever la houe à la hauteur de la plume, ou plutôt la plume à la dimension de la houe » s’exprime Paul en pensant à son père. Des valeurs, savoir-être, savoir-faire et un mode de pensées qui semblent intimement proches du parcours édifiant de l’auteur.
Un auteur au parcours dense, singulier et honoré
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Disponible en librairies
Site de l’éditeur : www.jetsdencre.fr
Un auteur au parcours dense, singulier et honoré
Pierre Sainte-Luce est médecin, chef d’entreprise, écrivain et mécène. Il est né le 16 décembre 1956 à Terre-de-Bas aux Saintes dans l’archipel de Guadeloupe. Après avoir exercé dix ans en angiologie, il crée avec son épouse 3 établissements de santé dédiés à la personne fragile puis investit dans l’achat et la réhabilitation de l’Hôtel Arawak situé dans la commune du Gosier. Il est docteur en sociologie et passionné de patrimoine, d’arts et d’histoire. Sa famille possède 2 sites de mémoire datant des XVIIe et XVIIIe siècles : l’habitation Fonds Rousseau en Martinique et la poterie Fidelin à Terre-de-Bas, aux Saintes. Pierre Sainte-Luce est l’auteur de Colored, un roman qui fait l’éloge du métissage culturel. Président des mécènes de la Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage, il a été fait Chevalier de la Légion d’Honneur.
Raphaël Confiant
Écrivain et professeur de littérature
Il y a des textes qui donnent à voir plus qu’à lire l’odeur d’un pays, ses paysages, ses gens de toutes conditions occupés à affronter le quotidien, certains avec allégresse, d’autres avec une sourde tristesse. D’autres encore en proie au désemparement à cause de cet entrelacs de hasards qu’est la vie. Pierre Saint-Luce sait exprimer tout cela, sans grandiloquence, presque sans avoir l’air d’y toucher mais avec une méticulosité, un sens du détail qui pourrait paraître anodin, voire anecdotique, mais qui va en réalité au coeur des choses.
Transfiguration n’est pas seulement un roman : il est tout à la fois, un guide de vie, un manuel de pratique médicale, une incantation poétique, une ode au courage.
Elisabeth Gustave
Présidente du Festival Monde en vues
Un narrateur rencontre l’âme de son père en même temps que celle de la Guadeloupe, dans ses failles et dans ses forces. Une recherche personnelle presque scientifique à travers la conscience guadeloupéenne, qui se retrouve ici disséquée et démasquée Transfiguration est une histoire de famille, mais c’est avant tout un récit important dont la portée est indubitablement universelle.
Ernest Pépin
Écrivain et poète
Ce roman est une plongée verticale dans la dépression qui conduit parfois au suicide. Il nous entraîne dans une remontée temporelle de différents versants de la Guadeloupe. Enquête sur la mémoire et la parentalité, il soulève de nombreux problèmes de la condition humaine qui ici ne va pas de soi. Notre rôle est de comprendre l’opacité du destin comme le fait l’auteur dans un langage fluide, sincère et vrai. Transfiguration a le tragique des mythes grecs, le réalisme antillais d’un Zobel, l’incantation lucide d’une odyssée. Pierre Sainte-Luce a réussi le tour de force de concilier médecine et littérature à travers un roman totalement créole.
Loran Kristian
Prix Carbet
« Transfiguration : …une archéologie de l’âme antillaise, une exhumation de notre droit à l’imprévisible…et de notre devoir d’émancipation. »