Now Reading
LUDOVIC LOUIS, L’ARTISTE AUX TEINTES CUIVRÉES

LUDOVIC LOUIS, L’ARTISTE AUX TEINTES CUIVRÉES

Proclamé en 2022 l’un des meilleurs trompettistes français par Jazz Magazine, il a surtout bâti sa renommée sur les plus belles scènes du monde aux côtés d’artistes de renom, notamment Lenny Kravitz durant près de 10 ans. Récemment à l’affiche du film Babylon pour sa participation sur la bande originale, Ludovic Louis, artiste multi facettes nous parle de son premier album « Rebirth » qui réunit des influences soul, funk et musique caribéenne.

Crédits photos : 1-3. © Caroline Tournebise. 2. © Karen Strauss.

ONAIR- Comment est né cet attrait pour les cuivres et plus spécifiquement la trompette ?
Ludovic Louis – Lorsque nous étions petits, avec ma sœur, mes parents nous ont permis de toucher à tout, tant dans le domaine sportif que musical. Nous étions inscrits en éveil musical à l’école de musique du JUPO ; ma sœur a pratiqué du piano, du violon, des percussions ; moi j’étais au piano dès l’âge de 5 ans jusqu’au jour où j’ai vu l’un de mes futurs professeurs, Alain Loisel, nous faire une démonstration de son instrument : la trompette. Il y a mis tant d’émotions que la sonorité de l’instrument m’a touché… J’avais 7 ans et ça m’a plu instantanément. J’ai poursuivi mes cours au JUPO en Jazz et parallèlement je suivais des cours au Conservatoire en classique avec Sylvain Maillard jusqu’à l’obtention de mon diplôme à 20 ans.

OA – Comment s’est déroulé le grand saut dans la vie professionnelle et vos rencontres avec les artistes qui ont jalonné votre parcours ?
LL –
Je suis issu d’un métissage entre la Normandie et la Martinique ; je suis né et j’ai grandi au Havre mais il est vrai qu’à un moment j’ai eu envie de monter à Paris, là où les choses se passent…
Je m’y suis installé en 2003 et j’ai commencé à faire des jam sessions dans les clubs dont le Baiser Salé. J’ai très vite rencontré d’autres musiciens et passionnés de musique tels que Philippe Slominski et c’est grâce au saxophoniste Allen Hoist que j’ai rencontré Jimmy Cliff en 2004 avec lequel j’ai travaillé, mais également le groupe cubain Orishas et Florent Pagny que j’ai accompagné sur « La Grosse Tournée » en 2010. Entretemps, en 2009, par l’intermédiaire du saxophoniste Mathieu Thave, j’ai été mis en contact avec Lenny Kravitz qui cherchait un trompettiste pour sa section de cuivres lors du Gala Peace One Day au Grand Rex à Paris…. Cette collaboration a duré dix ans tant sur scène qu’en studio.

OA – Qu’avez-vous appris aux côtés de cet artiste iconique durant ces tournées à travers le globe ?
LL –
On apprend énormément au contact de grands artistes tels que Lenny Kravitz qui est très généreux et méticuleux sur et hors scène. A chaque concert, il m’a toujours octroyé un moment en tant que soliste jusqu’au jour où, en 2012, après avoir accueilli Quincy Jones et Mohamed Ali sur scène, j’ai eu l’honneur de me retrouver à jouer pour eux ! Ce moment restera l’un des plus beaux de ma carrière sans nul doute. En 2013, je décide de m’installer à Los Angeles où je suis toujours basé aujourd’hui, même si je retourne régulièrement dans l’Hexagone pour retrouver ma famille et mes amis, et à la Martinique où je peux me ressourcer et composer comme je le fais actuellement en travaillant sur mon deuxième album. Depuis que je vis aux Etats-Unis, j’ai pu collaborer avec, entre autres artistes de renom : Kanye West et son Sunday Service, Camila Cabello, Robin Thicke, Curtis Harding, Patrice Rushen ou The Meters.


OA – En 2019, une nouvelle opportunité se présente à vous dans le domaine du cinéma et vous avez dû faire un choix….
LL –
Oui exactement, je me suis vu proposer un rôle de trompettiste dans la série Netflix « The Eddy » qui se déroule dans un club de jazz parisien, sous la direction de Damien Chazelle. Et j’ai accepté de relever le défi qui me permettait aussi de rajouter une corde à mon arc. En 2021, je me retrouve au studio Capitol de Los Angeles, à nouveau avec Damien Chazelle et son compositeur Justin Hurwitz pour pouvoir prêter mon « son » à l’acteur Jovan Adepo qui incarne le trompettiste Sydney Palmer dans le film «Babylon ». Ce sont de nouvelles expériences et j’aime ça ; j’ai envie de m’épanouir dans différents domaines.

OA – Parlez-nous de Rebirth, votre premier album…
LL –
Après avoir surtout joué au service d’autres artistes, j’avais déjà quelques compositions à moi que je jouais de temps en temps lors de prestations mais pas encore enregistrées. En 2020, durant la crise sanitaire, j’ai pris le temps de travailler sur mon album solo en compilant ces morceaux et d’en composer de nouveaux. Je l’ai enregistré entre Los Angeles et Paris sur 18 mois environ mais aussi en sollicitant des musiciens qui ont travaillé à distance comme pour le titre Madinina. Il y a aussi le morceau Everybody où j’ai fait le grand saut de chanter, chose qui me tentait depuis longtemps et qui se prête bien à celui-ci que j’ai voulu festif, aux allures funky. Jouer de la trompette me permet de transmettre des émotions, comme le fait un chanteur avec sa voix. Rebirth est véritablement une renaissance à cette période de ma vie, en tant qu’artiste soliste qui veut exprimer des choses.

OA – Vous êtes très communicatif sur scène, vous ne restez pas cantonné au rôle de musicien, vous occupez l’espace, vous transmettez beaucoup de joie et de dynamisme. Que peut-on vous souhaiter pour l’avenir ?
LL –
J’aime le partage, j’aime bouger, j’aime communiquer mon plaisir à être sur scène. En ce moment, je travaille à mon prochain album. Parallèlement, je voudrais continuer tout ce que j’ai commencé c’est-à-dire chanter, l’acting, des projets tant en solo que collectifs et surtout partager et transmettre, notamment aux jeunes caribéens pour qu’ils puissent réaliser leurs rêves et ainsi ouvrir le champ des possibles.

Crédit photos : © Stephane Kerrad.

Auteur : Barbara Keller

View Comments (0)

Leave a Reply

Your email address will not be published.

© 2020 ON AIR MAGAZINE. Tous droits réservés - Mentions légales - Réalisation Agence QWAD
Scroll To Top