Chanteur, musicien et parolier, Victor O est né en Martinique et a grandi en région parisienne. Il crée sous de multiples influences, particulièrement celles de la Caraïbe, son berceau. Ses créations reflètent une richesse culturelle sans frontières ; à l’image du quartier des Terres-Sainville à Fort-de-France auquel il a consacré une chanson.
ONAIR- Vous avez écrit la chanson « Terres-Sainville » deux ans après votre retour au pays. Quel est votre rapport à ce quartier ?
Victor O – C’est en y arrivant, dans une réalité martiniquaise que je ne connaissais pas que j’ai trouvé le sens de mon retour. Tenant un taxiphone dans la maison de mes feus grands-parents, je découvrais le quartier d’enfance de ma mère. Creuset de nationalités, Terres-Sainville est une photographie de l’immigration en Martinique. Au-delà du fait que c’est un quartier populaire, foyalais, martiniquais, c’est un endroit où j’ai retrouvé un esprit de solidarité qui se perd. Certes ce n’est pas la première image que l’on a du lieu. Mais au-delà du cliché de quartier « chaud » à problématiques, s’y trouvent surtout des gens qui se battent, ensemble, pour vivre, voire survivre.
Extrait : « Il y a pourtant du soleil en moi,
Un cœur qui bat au banc de l’espoir… »
OA – Le morceau est-il basé sur des faits réels ?
VO – J’ai croisé en effet à Terres-Sainville des personnes extraordinaires et des histoires que j’ai mises dans la chanson. Je parle par exemple du « Bar du Silence » dont j’adore le nom. Situé en face du lieu je travaillais, il était tenu par une Dame dominicaine, très joviale. Dès mon arrivée, elle m’a averti : « Ici entre commerçants on est très solidaire », m’intimant de l’être aussi.
Extrait : « Ô zanmi, ô tant aimée, au 23 d’une rue ensoleillée
Ici court le souvenir des hommes, à table en chœur au bar du silence »
OA – Pourquoi avoir écrit cette chanson ?
VO – Je me suis retrouvé là un peu par accident mais ce passage a fondé mon retour. C’est grâce à Terres-Sainville que j’ai su que je n’étais plus de passage mais réellement en ancrage. Dans la Martinique de mes racines et surtout la Martinique où j’avais envie d’être. Je souhaitais le marquer par ce morceau.
Extrait : « Je me demande, combien de moi ici
S’est réveillé aux portes de l’oubli
Je bénis le jour, le signe d’un ange
Où j’ai retrouvé la trace de la lune.
Il y a je sais, du soleil ici
Un cœur qui bat au rythme de la ville.
(…) Alors laissez moi, oui j’ai dit, à mes nuits
aux Terres Sainvilles… »
Auteur : Éric Hersilie-Héloïse
