Le Mayouri Graff a rempli de couleurs le hall sportif et l’aérodrome de la commune guyanaise de Camopi. 3 fresques participatives ont été créées par Erwan Lassouka, artiste wayãpi en formation et Franklin Piaguaje, artiste autochtone colombien.
« Cette fresque est belle, ça fait du bien de passer à côté du hall sportif. Maintenant on a à Camopi quelque chose qui peut nous représenter », sourit Sandra, habitante de Camopi. Dans cette commune de Guyane, la volonté de s’exprimer via le dessin est palpable. On observe dans le village de nombreux « tags » souvent inappropriés sur les bâtiments publics. Fin 2021, le projet Mayouri Graff a proposé une initiation aux techniques du street-art à plus de 40 jeunes du collègue et du point jeunesse. Ils ont aussi participé à un atelier d’initiation au Stop motion, avec l’intervention de Daniel Virgüez, réalisateur audiovisuel membre du collectif Guayabo.
Le graff est en effet un outil que la plupart des peuples autochtones utilisent pour des revendications identitaires et sociopolitiques. Il est également un moyen d’exprimer leur conception du monde et de la société. Ce constat a pu être fait avec la fresque du hall sportif, où les cosmogonies teko et wayãpi ont été la source d’inspiration pour les participants et pour 2 artistes : Erwan Lassouka, artiste wayãpi en formation et Franklin Piaguaje, artiste autochtone colombien. Ce premier appel aux artistes autochtones en France a pu être lancé grâce au festival Latino Graff de Toulouse et au collectif Guayabo. La fresque qu’ils ont codirigée, aussi sur le hall sportif, transmet en wayãpi le message « Wat+ pei siko » : « vivre ensemble ».
« C’est une de mes meilleures œuvres », confie Franklin Piaguaje. « Elle a été réalisée dans le cadre de la vision du monde des amérindiens Teko et Wayãpi… Une expérience formidable qui me motive pour continuer à écrire des histoires sur l’art indigène latino-américain. Anciens des terres de Camopi, combien de mythes y a-t-il dans ce beau pays. Il y a w+alakala, l’énergie positive dans ce territoire, le dieu qui embrasse la jungle, le dieu qui me permet d’écrire ceci : plus vieux, plus vieux que les grands réveils de la jungle, M. Teko et Mme Wayapi, M. Wayãpi et Mme Teko. Peuple Teko origine de l’anaconda, peuple wayãpi origine de la cire d’abeille, une des nombreuses origines parlées par des générations et des générations de nos ancêtres indigènes… », poursuit Franklin Piaguaje. A l’aérodrome, une fresque rend hommage aux femmes autochtones, suite à la demande des femmes de Camopi lors d’un cachiri avec les artistes. « On veut que les femmes de Camopi n’aient pas honte de leur apparence physique ni de nos habits traditionnels », indique Marie, femme wayãpi.
Cette première version du Mayouri Graff avait pour but de valoriser et de renforcer les cultures teko et wayãpi vis-à-vis de la jeunesse au travers de l’art urbain, de donner un espace aux échanges interethniques entre les peuples amérindiens amazoniens. Elle contribue aux revendications identitaires et à la lutte contre la perte de confiance en soi. Au niveau local, Isana Zegni, enseignant du collège, a fortement contribué à la coordination du travail avec les élèves. Siméon Monerville, médiateur du point jeunesse, a coordonné la participation de jeunes inscrits et a été un référent culturel clé. Ce projet n’aurait pas pu voir le jour sans les conseils du coordinateur socioculturel Jérémie Mata, à Camopi et le soutien de Julien Cambou, chef du service Patrimoines Culturels au Parc amazonien de Guyane.
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Parc amazonien de Guyane (PAG)
Auteur : Jean-Maurice Montoute, PAG